De plus en plus de salariés veulent s’engager dans la RSE de leur entreprise, changer le monde sans pour autant changer de boite. Est-ce possible ? Oui ! On parle aujourd’hui de collaborateurs intrapreneurs, bien décidés à faire bouger les lignes et à transformer l’entreprise de l’intérieur. Mais comment s’y prendre ? Par où commencer ? L’ARRONDI semble être un premier pas accessible pour passer de l’envie à l’action. C’est ce que nous partage Corentine Preel, fiscaliste et responsable éditoriale des Editions Lefebvre et Jennifer Allue, Directrice Régionale chez l’enseigne Jules, qui ont toutes deux impulsé avec succès L’ARRONDI sur salaire et en caisse dans leur entreprise !
Pouvez-vous vous présenter et décrire vos missions au sein de votre groupe ?
Corentine Preel : Je suis Corentine Préel, depuis 11 ans aux Editions Francis Lefebvre, une maison d’édition d’ouvrages juridiques destinés aux professionnels. Je suis fiscaliste et responsable éditorial et je collabore aux rééditions régulières de nos ouvrages.
Jennifer Allue : Bonjour je m’appelle Jennifer ALLUE et je suis directrice régionale chez Jules. J’accompagne et challenge onze équipes de vente, pilotées par des responsables, dans l’atteinte de leurs objectifs commerciaux et la réalisation de leurs projets professionnels.
Pourquoi avoir décidé de proposer L’ARRONDI (en caisse ou sur salaire) à votre hiérarchie ? Qu’est-ce qui vous a séduite dans cette solution ?
CP : Il y a quelques années, j’avais découvert le principe de l’ARRONDI sur salaire dans la presse et j’avais trouvé l’idée géniale. Ça me paraissait être une façon très simple, quasiment indolore au quotidien, de mobiliser des salariés autour d’une cause commune et d’insuffler de la solidarité dans la vie de l’entreprise. A l’été 2016, j’ai proposé avec deux de mes collègues, que l’on présente l’idée pour notre concours d’innovation interne, un concours d’idées ouvert à tous les salariés qui a lieu chaque année dans notre groupe.
JA : C’est formidable qu’une démarche aussi altruiste que celle du « don » puisse s’opérer sur des actions de la vie courante. Tout le monde, quel que soit son niveau de vie, contribue à une grande action par un geste simple, rapide, efficace, indolore… Le rôle que chacun joue dans le dispositif permet de mettre en évidence une chose importante qui donne une autre dimension à notre mission au quotidien : la marque, les clients et les collaborateurs forment une vraie communauté de valeurs !
A-t-il été facile de convaincre vos supérieurs et de les engager dans votre démarche ?
CP : En participant à ce concours d’innovation, nous avons pu présenter l’idée, d’abord en quelques lignes puis, en tant que finalistes, lors d’un grand oral devant le jury et notamment notre PDG. L’ARRONDI sur salaire est une idée tellement évidente qu’elle est facile à défendre avec enthousiasme par les salariés. Mais il nous fallait aussi convaincre notre entreprise de s’engager à nos côtés, puisque nous souhaitions qu’elle abonde les dons des salariés. Apparemment, nous avons réussi puisque quelques mois plus tard, nous faisions partie des trois lauréats !
JA : Convaincre n’a pas été un exercice compliqué car tout le monde a témoigné d’un vrai enthousiasme dès de début, au siège et en magasin. Notre entreprise est déjà très impliquée dans des actions RSE… Pour l’ARRONDI, nous avons choisi de collecter des fonds pour la Movember Foundation qui soutient la recherche autour des cancers masculins. Nous voulons prendre soin de nos clients et être présents pour eux dans les bons moments mais aussi dans les moments plus difficiles.
Comment s’est passée la mise en place du dispositif ?
CP : En gagnant le concours, la mise en œuvre de L’ARRONDI devenait certaine. Nous avons ensuite participé au groupe « projet » avec des membres des équipes RH et paie pour mettre concrètement en place le dispositif, accompagnés par les équipes de microDON. Tous les salariés des EFL y ont été associés, également puisque c’est un sondage qui a permis de désigner les deux associations bénéficiaires. A la rentrée 2017, le programme a été lancé officiellement devant toute l’entreprise, lors d’une de nos conventions annuelles. Et plusieurs dizaines de salariés se sont inscrits le jour même pour faire l’ARRONDI sur salaire !
JA : Cela a été assez simple. L’important est de comprendre parfaitement comment fonctionne le dispositif, d’écouter toutes les remarques et conseils. Pour plus d’efficience, je conseille de s’adresser directement aux personnes qui ont un pouvoir décisionnel au sein de chaque service impacté par la mise en place. Ensuite, il faut imaginer toutes les étapes de la mise en place, chiffrer et calendariser avec une « équipe projet ».
Quel bilan faîtes-vous de la mise en place de L’ARRONDI au sein de votre entreprise ?
CP : Fin février 2018, soit 6 mois plus tard, ce sont près de 25 % des salariés des EFL qui ont choisi de s’inscrire à l’ARRONDI sur salaire, et presque tous font un don complémentaire de quelques euros par mois en plus des centimes de leur salaire. Les EFL ont choisi d’abonder à 100 % les dons des salariés et plus de 3 700 € ont déjà été collectés au profit des deux associations bénéficiaires, l’Institut Curie et Planète Urgence. Au-delà de ces chiffres, c’est surtout un dispositif qui suscite un réel enthousiasme quand les salariés des EFL en parlent autour d’eux et je suis fière, à titre personnel, d’y avoir contribué.
JA : Nous avons collecté plus de 150 000€ en seulement 10 mois, avec des collectes de 0,05€ en moyenne et un taux de participation de plus de 45%. Ce sont nos clients et nos équipes qui ont réussi cet exploit. Quelle fierté !
Quels conseils donneriez-vous à des salariés qui comme vous veulent s’impliquer dans la stratégie RSE de leur entreprise ?
CP : La stratégie RSE d’une entreprise, si elle brasse des thèmes sociaux et sociétaux, s’inscrit avant tout dans l’histoire, dans l’ADN de l’entreprise en question. En tant que salarié, il faut être attentif à respecter cet ADN, ces valeurs, pour que le message puisse être entendu et relayé par la hiérarchie.
Si l’on propose une idée, il est important également d’anticiper les éventuels points de blocage (par exemple, pour l’ARRONDI sur salaire, les coûts liés à sa mise en place, les enjeux financiers d’un éventuel abondement, les appréhensions des équipes de paie, etc.) pour « déminer » le terrain en amont et obtenir le soutien des équipes ou partenaires concernés. Il faut aussi veiller à mettre en avant les bons arguments stratégiques, en se plaçant du point de vue de l’entreprise.
JA : Agissez… ou plutôt OSEZ agir ! Si vous avez une conviction, que celle-ci colle parfaitement avec les valeurs et le projet de votre entreprise, alors prenez les devants, soyez Acteur et Responsable. Ne vous contentez pas de faire le « passe-plat » en transférant des infos, par-ci par-là, à qui trouvera le temps de les lire…
Vous pouvez entreprendre vous-même ces démarches car vous êtes légitime dès lors que vous y croyez et que cela sert l’intérêt de votre entreprise et des hommes qui la compose…Même si vous avez l’impression que cela sort légèrement du cadre de vos fonctions ou de votre domaine d’expertise, OSEZ !!! ?