Depuis la crise sanitaire, les entreprises ont vu naître au sein de leur organisation un niveau d’engagement et de volontariat inédit. 72% des salariés pensent néanmoins qu’elles devraient davantage associer les collaborateurs à leur RSE. En parallèle, une donnée inquiète le secteur associatif : les besoins et leurs bénéficiaires augmentent sensiblement particulièrement sous l’effet de l’inflation.
Le don sur salaire en offrant la possibilité à tous de s’engager à son échelle, semble relever le double défi. A la fois répondre à l’attente exprimée par les salariés qui souhaitent se mobiliser mais aussi conquérir un nouveau public de donateurs. Au-delà, il se révèle être même un outil plus large face aux multiples enjeux de la Direction RSE : meilleure visibilité des engagements de l’entreprise, création de liens entre collaborateurs et associations, implication des équipes, émergence de salariés ambassadeurs…

Retour sur le partage d’expérience d’Emilie Lafdal, directrice des Relations et Partenariats privés au Secours Populaire Français, Cécile Jouenne-Lanne, déléguée Générale de la Fondation Groupe Primonial et Olivier Renard, directeur de projets RSE et responsable du programme Mécénat de compétences chez Allianz présents lors de notre atelier au dernier Salon Produrable,
Le don sur salaire, une porte d’entrée vers l’engagement des collaborateurs
Chez Primonial (1er groupe indépendant de gestion de patrimoine), c’est un baromètre social réalisé en 2018 qui a révélé l’attente massive des salariés de voir l’entreprise leur proposer des façons de s’engager. La société s’est alors tournée vers microDON pour mettre en place le don sur salaire. Dès l’origine, la démarche était conçue comme une étape initiale ou une première marche à gravir… Un dispositif idéal car il n’est pas élitiste : il concerne tous les salariés, sans exception.
Le principe d’arrondir son salaire chaque mois pour donner quelques centimes, avec la possibilité d’ajouter un don complémentaire, pour soutenir l’association de son choix, est un acte particulièrement indolore pour le donateur et une source de financement pérenne pour l’organisme bénéficiaire. Un schéma gagnant qui fait le succès du don sur salaire depuis plus de 10 ans. Il est aujourd’hui proposé à plus de 580.000 salariés dans plus de 800 sociétés engagées en France. 80% des entreprises participent à leurs côtés en abondant les dons des salariés, dont la moyenne s’élève à 3,50 euros par mois.
Lire aussi : En Grande-Bretagne, malgré la crise, les dons sur salaires s’envolent !
Chez Allianz, c’est aussi dans le souci de construire un programme complet d’engagement solidaire que la compagnie d’assurances a débuté par le don sur salaire. Le dispositif s’adresse à tous et porte un message élémentaire : le travail est le bon endroit pour être généreux ! Pour les associations bénéficiaires, l’atout majeur est de capter l’attention de nouveaux donateurs.
« La vertu cardinale du don sur salaire, c’est que par définition, il s’adresse à toutes les classes d’âge, tous les profils, tous les niveaux de compétences, tous les niveaux de salaire… Quand on a commencé à construire le catalogue de notre politique RSE, on a fait le choix immédiat de greffer cet arrondi sur salaire de manière à ce que ça soit la première marche de notre engagement ». Olivier Renard, directeur de projets RSE et responsable du programme Mécénat de compétences Chez Allianz
Lire aussi : Comment Allianz a piloté la mobilisation de 500 collaborateurs sur une seule journée ?
Un tremplin vers une diversité d’actions solidaires
La vertu du don du salaire ne s’arrête pas là… car le simple geste « d’abandonner » quelques centimes ou euros, au profit de ceux qui en ont besoin, donne foncièrement envie de renforcer son implication ! De fait, le dispositif invite les collaborateurs à s’intéresser ou se questionner sur les associations bénéficiaires. Une sensibilisation qui rend possible la rencontre entre le salarié et l’association soutenue.
Au Secours Populaire par exemple, le don sur salaire a permis de faire se croiser des besoins concrets et des sensibilités personnelles. L’association, forte d’un million de membres, est certes connue pour l’aide alimentaire, vestimentaire et d’hygiène d’urgence qu’elle apporte aux plus démunis, mais elle œuvre aussi en faveur d’un meilleur accès à la pratique sportive, aux loisirs et aux vacances.
Via microDON, une multitude de petits projets ont été promus auprès des entreprises partenaires et ont éveillé la curiosité de salariés aux profils et intérêts variés. Concrètement, ils sont à présent nombreux à avoir une implication dans des actions solidaires dont ils n’auraient pas même soupçonné l’existence sans le don sur salaire ! Des sorties vélo ou soirées théâtre pour enfants défavorisés aux friperies solidaires, le champ des possibles est immense et correspond à l’éventail des personnalités et des goûts que l’on trouve dans une entreprise.
« Arkema est un groupe chimique français qui nous a choisi comme association bénéficiaire de leur don sur salaire. À ce titre, nous avons été invités à présenter dans leurs locaux nos actions. Depuis, les salariés participent chaque année à la collecte nationale de jouets neufs de notre campagne des Pères Noël verts. C’est fort car l’implication a vraiment changé de nature, et on ressent le plaisir du salarié d’avoir contribué. » Emilie Lafdal, directrice des Relations et Partenariats privés au Secours Populaire Français
Chez Primonial, le chemin parcouru est exemplaire : une fois les salariés embarqués avec le don sur salaire, l’entreprise a réussi à en plus mener d’importantes collectes d’argent à destination d’associations urgentistes, puis à gravir une nouvelle marche dans l’engagement avec le mécénat de compétences. C’est aujourd’hui acté par un accord professionnel : tout collaborateur avec plus de 6 mois d’ancienneté peut donner deux jours par an de son temps de travail à une cause d’intérêt général. En parallèle, la Fondation Primonial a vu le jour et pilote désormais l’ensemble de ces programmes RSE. Des programmes qui peuvent s’opérer et se piloter via la plateforme microDON.
Lire aussi : Les belles histoires du mécénat de compétences
Le déclencheur de nouvelles initiatives de salariés
Le cercle vertueux, initié par le dispositif microDON, fonctionne parfois au point de déclencher chez certains collaborateurs l’envie d’être à l’initiative d’une action ou d’une mise en contact d’association !
Chez Allianz, la question se pose désormais de s’adapter encore davantage aux aspirations des collaborateurs… tout en évitant de se disperser. L’entreprise s’attache donc à agir en ce sens. D’un côté, l’entreprise reste concentrée sur des causes qu’elle a toujours défendues, comme l’égalité des chances et l’insertion des jeunes. Via le don sur salaire et le mécénat de compétences, elle soutient des associations dans le domaine de la jeunesse, de la dernière année de maternelle à l’entrée dans le monde du travail !
De l’autre, pour promouvoir les initiatives des collaborateurs, Allianz leur offre la possibilité de faire soutenir des associations qui leur sont chères, pour lesquelles ils sont éventuellement déjà bénévoles, soumises au vote de l’ensemble du personnel. Par ce biais, ce sont de nouvelles préoccupations sociétales qui sont associées à leur combat, comme « Rêves » (accomplir les rêves d’enfants gravement malades) ou « handi’chiens » (favoriser l’accès aux chiens d’assistance aux personnes vulnérables). L’enthousiasme soulevé par le don sur salaire semble essaimer et renforce toujours davantage l’implication des salariés dans la politique RSE de l’entreprise.
« Nous avons lancé en 2022 le programme des « Crush Solidaires » invitant nos salariés à nous soumettre l’association de leur choix. Après étude méticuleuse, neuf ont reçu une dotation. Les chèques seront bientôt remis en présence du collaborateur parrain ! Les salariés sont maintenant invités à voter parmi ces finalistes. Le lauréat se verra octroyer une sur-dotation. Un beau coup de projecteur sur l’implication personnelle des collaborateurs de Primonial ! » Cécile Jouenne-Lanne, Déléguée Générale de la Fondation Groupe Primonial
Lire aussi : Le don sur salaire, un vrai levier pour développer sa marque employeur